Fragment d'un film à venir
Film Super-8, N&B, 3 min, 2019
Fragment d'un film à venir
Film Super-8, N&B, 3 min, 2019
Le 10 août 1936, James Joyce écrivait une lettre à son petit-fils, Steven. Il y est question de la ville de Beaugency, d’un pont et de celui qui devait le construire : le diable…
Le 10 août 1936, James Joyce écrivait une lettre à son petit-fils, Steven. Il y est question de la ville de Beaugency, d’un pont et de celui qui devait le construire : le diable…
Film Super-8 numérisé, Couleur et N&B, 16/9, 47 min, 2017
Avec : Olga Lukasheva
Super-8 film digitized, Color and black-and-white, 16/9, 47 min, 2017
With : Olga Lukasheva
Une histoire d’amour entre textes, images et sons.
Un scénario - celui d’un homme qui laisse des messages à une femme qui ne répond jamais - vient interrompre sous forme d’intertitres le défilement d’images provenant de bobines super-huit qui auraient été perdues et retrouvées. Et, comme en écho, la présence d’enregistrements sonores, peut-être eux-mêmes perdus et retrouvés. Sur les images : une chambre, un appartement, des rues, des ponts, des passants, une flânerie dans une grande ville, Saint-Petersbourg, en Russie. Sur les bandes sonores, les bruits de la ville, celui du métro, de la rue et de chants orthodoxes.
Le titre provient d’une phrase de la poète russe Olga Bergholtz : « Ne retourne pas là-bas, vers cette neige, vers cette nuit, le regard de quelqu’un t’attend. »
Ce film, pensé selon le motif du fragment, prolonge un large projet consacré aux ponts en tant qu’ils sont une possible représentation architecturale du langage comme lien qui sépare. Il fait suite au film L’invitation au voyage.
A love story amid texts, images and sounds.
A script – about a man who leaves messages to a woman who never answers – applies captions to interrupt the stream of images taken from Super-8 film reels that were allegedly lost and then found again. An echo effect is created by the presence of sound recordings, which were perhaps also lost and found. Re the images: a bedroom, an apartment, streets, bridges, passersby, meandering through a Russian city, Saint-Petersburg. Re the soundtrack: city-noises, the subway, the street, Orthodox chants.
The title is borrowed from a line by the Russian poet Olga Bergholtz: “Don’t go back there, towards this snow, towards this night, the gaze of someone who awaits you.”
The film is underscored by the motif of fragmentation, and pursues a broader project on bridges, which can architecturally represent language as a bond that separates. The project was launched with the film Invitation to a voyage.
Film Super-8 numérisé, Couleur et N&B, 16/9, 47 min, 2017
Avec : Olga Lukasheva
Super-8 film digitized, Color and black-and-white, 16/9, 47 min, 2017
With : Olga Lukasheva
Une histoire d’amour entre textes, images et sons.
Un scénario - celui d’un homme qui laisse des messages à une femme qui ne répond jamais - vient interrompre sous forme d’intertitres le défilement d’images provenant de bobines super-huit qui auraient été perdues et retrouvées. Et, comme en écho, la présence d’enregistrements sonores, peut-être eux-mêmes perdus et retrouvés. Sur les images : une chambre, un appartement, des rues, des ponts, des passants, une flânerie dans une grande ville, Saint-Petersbourg, en Russie. Sur les bandes sonores, les bruits de la ville, celui du métro, de la rue et de chants orthodoxes.
Le titre provient d’une phrase de la poète russe Olga Bergholtz : « Ne retourne pas là-bas, vers cette neige, vers cette nuit, le regard de quelqu’un t’attend. »
Ce film, pensé selon le motif du fragment, prolonge un large projet consacré aux ponts en tant qu’ils sont une possible représentation architecturale du langage comme lien qui sépare. Il fait suite au film L’invitation au voyage.
A love story amid texts, images and sounds.
A script – about a man who leaves messages to a woman who never answers – applies captions to interrupt the stream of images taken from Super-8 film reels that were allegedly lost and then found again. An echo effect is created by the presence of sound recordings, which were perhaps also lost and found. Re the images: a bedroom, an apartment, streets, bridges, passersby, meandering through a Russian city, Saint-Petersburg. Re the soundtrack: city-noises, the subway, the street, Orthodox chants.
The title is borrowed from a line by the Russian poet Olga Bergholtz: “Don’t go back there, towards this snow, towards this night, the gaze of someone who awaits you.”
The film is underscored by the motif of fragmentation, and pursues a broader project on bridges, which can architecturally represent language as a bond that separates. The project was launched with the film Invitation to a voyage.
Film HDV, Couleur, 33 min, 2013
Musique : Louis Sclavis
Production : Marseille-Provence 2013 ; FRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Ville de Martigues
HDV film, Color, 33 min, 2013
Music : Louis Sclavis
Production : Marseille-Provence 2013 ; FRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Ville de Martigues
Dans le poste de commandement – unique décor du film – qui surplombe le pont levant de la ville de Martigues, au rythme des passages de bateaux, un homme raconte l'histoire d'un certain Thomas, qui décida d'apprendre le persan auprès d'un mystérieux capitaine. Après un long apprentissage, convaincu de maitriser suffisamment la langue persane, il décida d'écrire son propre texte, avant de découvrir que cette langue qu'il croyait avoir apprise n'existait nulle part. Le pont devenant une possible représentation architecturale et symbolique du langage comme lien qui sépare.
At a command post – the film’s sole setting – which overlooks the lift bridge of the town Martigues against the backdrop of passing boats, a man tells the story of a certain Thomas, who decided to learn Persian from a mysterious captain. After a long apprenticeship, by now convinced that he has reached sufficient mastery, Thomas ventures to write a text of his own, at which point he discovers that the language he’d ostensibly been learning is nonexistent. The bridge turns into an architectural and symbolic representation of language as a bond that separates.
Film HDV, Couleur, 23 min, 2010
Production : CRAC Le 19
HDV film, Color, 23 min, 2010
Production : CRAC Le 19
Pendant près d’un an furent filmés les entraînements du club de boxe du quartier de la Petite Hollande de Montbéliard. Adultes et enfants, débutants ou confirmés, répètent les mêmes gestes, affinent leurs styles et développent leurs conditions physiques. Séances de sac de frappe, simulation de combats, apprentissage de nouveaux coups et de nouvelles parades, combats. Au-delà de la boxe, c’est le sport comme rituel qui devient sujet.
Over the span of a year or so, training sessions were filmed at a boxing club in the Petite Hollande district of Montbéliard. Adults and children, whether beginners or advanced, repeat the same motions, honing their style and developing physical prowess. Boxing bag workouts, combat simulations, lessons in new punches, new moves and fight techniques. Beyond boxing, it’s all about sport as ritual.
Film Mini DV, Couleur, 23 min, 2009
Musique : Louis Sclavis
Co-production : École Supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée
Film Mini DV, Couleur, 23 min, 2009
Musique : Louis Sclavis
Co-production : École Supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée
Sur la digue du grand large (également appelée « Jetée de l’oubli ») du port autonome de Marseille, là où les bateaux restent longuement à quai, plusieurs inscriptions laissées par les marins s’y lisent. Parmi elles, trois idéogrammes chinois. Au fil des recherches, se tisse l’histoire d’un navire taïwanais dont le nom inscrit sur un registre de marine est l’objet de diverses conjectures.
At Marseille’s open-sea port (also called “pier of oblivion”), where ships remain docked for long periods, one comes across inscriptions left by sailors, including three Chinese ideograms. Along the path of inquiry, a tale is woven about a Taiwanese ship, which, being listed in a marine registry, has given rise to various conjectures.
Film Super-8 numérisé, Couleur, 11 min, 2009
Voix : Nicky Dingwall-Main
Production : Museum of Fine Arts, Houston ; Maison Dora Maar, Ménerbes
Super-8 film digitized, Color, 11 min, 2009
Voice : Nicky Dingwall-Main
Production : Museum of Fine Arts, Houston ; Maison Dora Maar, Ménerbes
C’est l’histoire d’une expérience pratiquée sur le cadavre d’un jeune condamné à mort par guillotine. Sur la rétine de l’oeil gauche se révèle une image qualifiée de « distincte mais ambiguë ». Le film met en scène ce récit sous forme d’intertitres entrecoupés de plusieurs séries d’images vues à la visionneuse optique super-8, dont le rythme de défilement rappelle des clignements d’yeux. Les images sont sans relation apparente avec l’expérience décrite. Une voix de femme, off, dit le souvenir du texte écrit, concomitamment aux intertitres et images créant une étrange polysémie.
Le récit de cette expérience s’inspire des recherches photos-optiques portant sur l’optogramme, obtenues par le physiologiste allemand Wilhelm Kühne, ainsi que par le Docteur Auguste Gabriel Maxime Vernois. qui fit paraître, dans la Revue photographique des hôpitaux de Paris, un article titré Étude photographique sur la rétine des sujets assassinés (1870).
The story of an experiment conducted on the corpse of a young man condemned to die by guillotine. The left eye’s retina revealed an image that was deemed “precise yet ambiguous”. The film enacts this incident by way of captions interspersed with series of images seen through a Super-8 viewer, to a rhythm that resembles blinking. The images bear no apparent relationship to the experiment. A female voice-over reminisces about the written text while the captions and images are screened, thereby creating a strange polysemy. The account of this experiment draws inspiration from photo-optical research on the optogram carried out by the German physiologist Wilhelm Kühne as well as by Dr. Auguste Gabriel Maxime Vernois, who had published an article in the medical photo-journal of the Hospitals of Paris entitled Étude photographique sur la rétine des sujets assassinés (1870).
Film Super-8 numérisé, N&B et Couleur, 13 min, 2007
Lectrice : Rosa Borges
Danseuses : Marine Brothier-Macarios, Marion Jacquemet
Musique : Jean-Michel Pirollet
Coproduction : Cité des Arts, Chambéry
Super-8 film digitized, Color and black-and-white, 13 min, 2007
Reader : Rosa Borges
Dancers : Marine Brothier-Macarios, Marion Jacquemet
Music : Jean-Michel Pirollet
Coproduction : Cité des Arts, Chambéry
Deux jeunes femmes (danseuses) découvrent par le toucher l’étui d’un instrument de musique ouvert, baillant, vide, avec en creux la forme de l’instrument vacant. Le souvenir de cette expérience tactile a donné lieu à un discours. Ce discours a été retranscrit en braille et soumis à la lecture d’une jeune femme, non-voyante. Le film articule le passage des mains découvrant l’étui à celles lisant le texte en braille. En fond sonore : quelques amorces de phrases musicales (jouées au saxophone).
Two young women (professional dancers), discover by the use of their hands, the open, gaping, empty surface of a musical instrument case, and the hollow form of its vacant instrument. The recollection of this tactile experience gave way to a speech, which in turn was transcribed in Braille and then read by a young, blind woman. The film articulates itself around the moment when the hands explore the case, to the voice of the young, blind woman reading the text in Braille. The background music consists of the stuttering ejaculations of a musical score (played by a saxophone).
Film Super-8 numérisé, N&B, 17 min, 2007
Actrice : Masha Khokhlova
Musique : Louis Sclavis
D’après le livre d’Eric Suchère, "Fixe, désole en hiver"
Super-8 film digitized, Black-and-white, 17 min, 2007
Actress : Masha Khokhlova
Music : Louis Sclavis
Based on the book by Eric Suchère, "Fixe, désole en hiver"
Du livre d’Eric Suchère, « Fixe, désole en hiver », le film retient d’abord une silhouette de femme, de dos, en contre-jour, face à la mer au loin et aux collines à l’horizon. C’est une élégie, celle d’un motif dont mot et image fixent le déni, un motif que mot et image « illuminent de reflets réciproques ». À cela s’ajoute une bande son faite de bruits divers (train, vent, mer, pas dans la neige, respiration, pluie,…) autonome en apparence : un « ça ne colle pas » là pour renforcer la désespérée tentative de fixation par laquelle le film s’élabore.
An elegy of a motif, constructed out of words, images and sounds, brought to light in Eric Suchère's book, "Fixe, désole en hiver". A train journey in search of a woman's silhouette, seen against the light, her back to us, facing the distant sea and hills on the horizon.
Film Super-8 numérisé, N&B et Couleur, 17 min, 2007
Musique : Louis Sclavis
Super-8 film digitized, Color and black-and-white, 17 min, 2007
Music : Louis Sclavis
Il s’agit initialement d’une expérience sur « l’oeil et la mémoire » proposée à des candidats volontaires, et consistant, dans un premier temps, en la présentation d’un court film. Puis il est demandé aux candidats d’exposer ce dont ils se souviennent. Le cas échéant, des photos extraites du film, à classer chronologiquement, leur sont présentées. L’un d’eux, après avoir reconnu le lieu filmé, se rappelle un traumatisme personnel : une alerte vécue de nuit pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Le film scrute la relation, perceptuelle et mnémonique, qu’un spectateur entretient avec des images filmiques et photographiques.
Initially an experiment about ‘the eye and memory’, calling on volunteers and initially consisting of a presentation of a short film.
Secondly, the volunteers were asked to present what they remembered about the film. If necessary, photos taken of the film were presented to them and classified in a chronological order. One of the volunteers, after recognising the place where the film was shot, remembered a personal trauma, an alert experienced one night during the war in ex-Yugoslavia.
Film Super-8 numérisé, N&B, 10 min, 2005
Super-8 film digitized, Black-and-white, 10 min, 2005
Une image fixe, noire et blanche, pareille à une archive, est décrite par une jeune femme dont on entend la voix, seule.
Progressivement, la description, alors fidèle à l’image, se disjoint d’elle, met en scène un hors champ, devient récit. Puis la voix s’interrompt et l’image fixe se met en mouvement…
Le film s’inspire du TAT (Thematic Apperception Test), test de psychanalyse projective confrontant un patient à une série d’images et à qui il est demandé, pour chaque image, d’imaginer une histoire.
A film-still is exposed to the gaze of a young woman, she knows nothing about the film's origin or history, she simply comments on this singular, frozen-frame. Progressively her speech escapes her, taking on a new direction. This is an 'out-of-frame' story, a meander within an image and then into a film, a nomadic stroll through the city. The film was inspired by the TAT (Thematic Apperception Test), a projective psychoanalysis test, in which patients are confronted by a series of images and from which they are asked to imagine a story.
Film Super-8 numérisé, N&B et Couleur, 10 min, 2005
Super-8 film digitized, Color and black-and-white, 10 min, 2005
Un paysage rural défile, puis des immeubles, des rues. Berlin défile comme un décor, en une progression apparemment sans but. Arrive un texte, inscrit en caractères blancs, défilant de bas en haut : l’histoire d’une femme, la narratrice, qui vécut à l’ouest et communiqua par gestes avec un homme habitant juste en face, mais à l’est, de l’autre côté du mur…
A landscape passes by, filmed in Super 8, the image vacillates between black and white and colour, revealing streets and then buildings. The setting, Berlin. The film, a meander in what seems to be an aimless progression, with no preestablished route and moving in fits and starts. A text appears, inscribed in white lettering, it scrolls upwards; it tells the story of a narrator, who, living in the west of Berlin, communicated using bodily gestures to a man living opposite, but whose building was situated in the east, on the other side of the wall. A formal counterpoint to the Super 8’s logorrhoea, both text and image act against each other; the text becomes an obstacle, passing in front of the image like a wall, it induces the spectator’s imagination.
Film Super-8 numérisé, Couleur, 12 min, 2004
Super-8 film digitized, Color, 12 min, 2004
Compte-rendu d’une hypothétique rencontre avec un ancien réalisateur turc, le 15 Novembre 2003, à Istanbul. Tout en projetant quatre de ses films super-huit, il raconte la ville, explique ses débuts dans le cinéma, comment il apprit le français. Il évoque une tour sur laquelle d’innombrables messages étaient inscrits dans toutes les langues et révèle l’existence d’un cinquième film…
An account of a hypothetical encounter with a former Turkish film director in Istanbul, November 15th, 2003. While projecting four of his super-8 films he tells the story of his city, explains his beginnings in cinema, how he learnt to speak French. He makes reference to a tower on which countless messages in every language were inscribed and reveals the existence of a fifth film...
Film Super-8 numérisé, Couleur, 7 min, 2003
Super-8 film digitized, Color, 7 min, 2003
Errance parisienne sous forme d’expérience basée sur l’articulation cinématographique minimale, en tant que celle-ci ne s’opère pas entre les plans mais entre les images (selon la théorie de Peter Kubelka). Le film oscille entre prise de vue isolée et séquences fluides, soit la caméra utilisée comme un appareil photographique puis reprenant l’usage lui étant traditionnellement assigné : fixer du mouvement, du moins son illusion.
An experiment into cinematographic narration and its most minimal structure: the photogram (according to the theory of Peter Kubelka). The film attempts, via a series of projected images, to recreate a rythmic meandering through the city of Paris.
Création de Louis Sclavis et Fabrice Lauterjung
Film HDV, N&B, 22 min, 2011
Musique : Louis Sclavis
Production : Le Bureau 31 et LUX Scène Nationale de Valence
Création by Louis Sclavis and Fabrice Lauterjung
HDV Film, black-and-white, 22 min, 2011
Music : Louis Sclavis
Production : Le Bureau 31 and LUX Scène Nationale de Valence
Le film est construit de trois couches narratives opérant en palimpseste.
Tout commence par des photographies prises par Louis Sclavis et tout part d'elles. En cela, elles sont ces photos inductrices du titre.
Elles apparaissent pour la plupart agrandies, comme observées à la loupe, selon la logique d'une enquête dont l'enjeu reste mystérieux. A leur fixité répond une séquence qui tout au long du film est répétée, déclinée suivant différents rythmes. D'abord abstraite, la forme blanche qui s'y déploie se devine être un cygne. À cela s'ajoutent les fragments d'un texte, défilant disséminés en l'espace de l'écran. Ils sont des résidus de Mimique, écrit par Stéphane Mallarmé. Le plan du cygne, d'influence mallarméenne lui aussi, se réfère autant à la danse serpentine de Loïe Fuller qu'au poème Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui. Tout opère par ricochets, les photos conduisant au cygne conduisant au texte, conduisant le film vers une quête du blanc – dernier ricochet vers une hantise littéraire du XIXe siècle, de l'Ultima Thulé fantasmé par Edgar Allan Poe dans ses Aventures d'Arthur Gordon Pym à la blancheur de Moby Dick d'Herman Melville.
The film is constructed from three narrative layers operating in palimpsest.
It all starts with photographs taken by Louis Sclavis and everything starts from them. In this, they are these inductive photos of the title.
They appear for the most part enlarged, as if observed with a magnifying glass, according to the logic of an investigation whose stakes remain mysterious. To their fixity responds a sequence which is repeated throughout the film, declined according to different rhythms. At first abstract, the white form that unfolds there guesses to be a swan. To this are added the fragments of a text, scrolling, disseminated in the space of the screen. They are residues of Mimesis, written by Stéphane Mallarmé. The shot of the swan, also of Mallarméan influence, refers as much to Loïe Fuller’s serpentine dance as to the poem The Virgin, Vivacious and Lovely Today. Everything operates in ricochets, the photos leading to the swan leading to the text, leading the film towards a quest for white – last ricochet towards a 19th century literary obsession, of the Ultima Thule fantasized by Edgar Allan Poe in his Narratives of Arthur Gordon Pym of Nantucket to the whiteness of Moby Dick by Herman Melville.
Création de Louis Sclavis et Fabrice Lauterjung
Film HDV et Super-8 (numérisé), Couleur, 18 min, 2012
Musique : Louis Sclavis
Production : Le Bureau 31 et LUX Scène Nationale de Valence
Création by Louis Sclavis and Fabrice Lauterjung
HDV Film, black-and-white, 22 min, 2011
Music : Louis Sclavis
Production : Le Bureau 31 and LUX Scène Nationale de Valence
Le film commence là où le premier volet s'était interrompu, par un écran blanc, avant de progressivement laisser place à des formes de plus en plus distinctes, lesquelles mènent aux mains d'une femme aveugle lisant un texte en braille. Dès lors, tout le film suit le parcours que cette lecture induit. Des mots éparses et phrases incomplètes se donnent à lire – il s'agit d'extraits d'une des lettres qu'écrivait Denis Diderot à Sophie Volland, celle datée du 10 juin 1759 ; les photos de Louis Sclavis apparaissent creusées par des recadrages cherchant à extraire d'elles d'autres situations narratives – paysages enneigés vus d'un train, gare et silhouette d'homme, silhouette de femme, ancienne salle de cinéma aux fauteuils vides, clairière, ciel rouge, forêt, route et neige encore. La narration procède par apparitions, comme si, ce que ces mains lisaient au contact des aspérités du papier, se traduisait en instants photographiques et phrases fragmentées.
The film is constructed from three narrative layers operating in palimpsest.
It all starts with photographs taken by Louis Sclavis and everything starts from them. In this, they are these inductive photos of the title.
They appear for the most part enlarged, as if observed with a magnifying glass, according to the logic of an investigation whose stakes remain mysterious. To their fixity responds a sequence which is repeated throughout the film, declined according to different rhythms. At first abstract, the white form that unfolds there guesses to be a swan. To this are added the fragments of a text, scrolling, disseminated in the space of the screen. They are residues of Mimesis, written by Stéphane Mallarmé. The shot of the swan, also of Mallarméan influence, refers as much to Loïe Fuller’s serpentine dance as to the poem The Virgin, Vivacious and Lovely Today. Everything operates in ricochets, the photos leading to the swan leading to the text, leading the film towards a quest for white – last ricochet towards a 19th century literary obsession, of the Ultima Thule fantasized by Edgar Allan Poe in his Narratives of Arthur Gordon Pym of Nantucket to the whiteness of Moby Dick by Herman Melville.
Création de Louis Sclavis et Fabrice Lauterjung
Film HDV et Super-8 (numérisé), N&B et Couleur, 19 min, 2013
Musique : Louis Sclavis, Vincent Courtois
Production : Le Bureau 31 et LUX Scène Nationale de Valence
Création by Louis Sclavis and Fabrice Lauterjung
HDV Film and Super-8 film digitized, black-and-white and Color, 19 min, 2013
Music : Louis Sclavis, Vincent Courtois
Production : Le Bureau 31 and LUX Scène Nationale de Valence
Après la première partie placée sous le « cygne » de Mallarmé, d'une deuxième, plus colorée, qui progressait au rythme des mains d'une aveugle lisant en braille une lettre de Diderot, la troisième et dernière partie nous fait entrer dans une série d'images en noir et blanc : d'abord une forêt d'où s'enfuit un vol d'oiseaux, des formes abstraites qui s'avèrent être des visages, puis une ronde d'enfants dansant autour d'un feu. En contrepoint rythmique et pictural apparaissent les images mouvantes quoique saccadées d'une femme vêtue d'une robe rouge. Elle danse, bientôt rejointe par un homme portant un costume noir. Quelques phrases et mots isolés défilent en rythmes variés, comme possible traces résiduelles d'un éclatement du texte dont elles furent prélevées – Éloge du maquillage de Charles Baudelaire. Progressivement, les motifs en couleur et ceux en noir et blanc se rencontrent et se mélangent.
After the first part placed under Mallarmé’s “swan”, a second, more colourful, which progressed to the rhythm of the hands of a blind woman reading a letter from Diderot in Braille, the third and final part takes us into a series images in black and white: first a forest from which flies a flight of birds, abstract shapes that turn out to be faces, then a round of children dancing around a fire. In rhythmic and pictorial counterpoint appear the moving, though jerky images of a woman in a red dress. She is dancing, soon joined by a man wearing a black suit. A few isolated sentences and words scroll in varied rhythms, as possible residual traces of a bursting of the text from which they were taken – In Praise of makeup by Charles Baudelaire. Gradually, the patterns in colour and those in black and white meet and blend.
Création d’Olivier Massot et Fabrice Lauterjung
Film Mini DV, Couleur, 24 min, 2009
Musique : Olivier Massot
Interprété par le Quatuor Johannes
Production : Musée des Confluences, Lyon
Creation by Olivier Massot and Fabrice Lauterjung
Mini DV film, Color, 1h40, 2009
Music : Olivier Massot
Interpreted by Le Quatuor Johannes
Production : Musée des confluences, Lyon
Commande du Musée des Confluences de Lyon, en partenariat avec le Planétarium de Vaulx-en-Velin, à l’occasion d’une conférence sur l’exobiologie.
This work was commissioned by the Musée des Confluences in Lyon in partnership with the Planetarium of Vaulx-en-Velin for a conference on exobiology. One at a time, scientists speak onstage, expounding viewpoints and analyses. Their talks are interspersed with three musical moments played by a string quartet. The music unfolds in search of a motif, and gradually fuses with the short film sequences being projected. On a second screen, like a continuous décor-in-motion, a film depicts an attempt to solve a puzzle. The first pieces are placed. Hands falter, start over, rectify… The image gradually takes shape before our eyes.
Film mini DV, Couleur, 42 min, 2008
Saxophone : Patrice Foudon, Jean-Michel Pirollet
Clavier, électroacoustique : Philippe Madile
Mini DV film, Color, 42 min, 2008
Saxophone : Patrice Foudon, Jean-Michel Pirollet
Keyboards, electroacoustic : Philippe Madile
Trois musiciens, deux saxophonistes et un claviériste électroacousticien, jouent sur scène tandis qu’une projection a lieu. Les images sont constituées de plans de New York tournés en 1970 et 2003. En surimpression s’inscrivent des textes – descriptions ekphrastiques de quatre peintures de James Mc Neill Whistler exposées à la Frick Collection, au I East 70th Street, à New York.
Three musicians, two on saxophone and one on electroacoustic keyboard, play onstage while images are screened. The shots are of New York in 1970 and 2003. Texts are superimposed over the images – ekphrastic descriptions of four paintings by James McNeill Whistler on display at the Frick Collection, located 1 East 70th Street, New York.
Film HDV, Couleur, 10 min, 2014
Création : Sphlax / Badema, Fabrice Lauterjung
Musique : Naagré — Sphlax / Badema
Production : Athos Productions
Film HDV, Couleur, 10 min, 2014
Création : Sphlax / Badema, Fabrice Lauterjung
Musique : Naagré — Sphlax / Badema
Production : Athos Productions
Création de Moko et Fabrice Lauterjung
Film Mini DV, Couleur, 5 min, 2005
Piano : Jérôme Margotton
Production : Rhino Jazz Festival
Creation by Moko and Fabrice Lauterjung
Mini DV film, Color, 40 min, 2005
Piano : Jérôme Margotton
Production : Rhino Jazz Festival
Sur scène, un pianiste joue avec son moi projeté. Lui et son "double" interagissent selon le principe musical de la fugue. Une rencontre entre une copie et son original, qui enrichissent la composition de manière interdépendante.
Onstage, a pianist plays together with his screened self. He and his “double” interact according to the musical principle of the fugue. An encounter between a copy and its original, co-dependently fleshing out the composition.
Création de Moko et Fabrice Lauterjung
Film Mini DV, Couleur, 5 min, 2005
Piano : Jérôme Margotton
Production : Rhino Jazz Festival
Creation by Moko and Fabrice Lauterjung
Mini DV film, Color, 40 min, 2005
Piano : Jérôme Margotton
Production : Rhino Jazz Festival
Création de Moko et Fabrice Lauterjung
Film Mini DV, Couleur, 7 min, 2005
Piano : Jérôme Margotton
Production : Rhino Jazz Festival
Creation by Moko and Fabrice Lauterjung
Mini DV film, Color, 40 min, 2005
Piano : Jérôme Margotton
Production : Rhino Jazz Festival
Film mini DV, Couleur, 14 min, 2011
Film mini DV, Couleur, 14 min, 2011
Co-réalisation : Mélodie Blanchot, Loïc Bontems, Romain Descours, Cécile Verchère
Film Mini DV, N&B et Couleur, 28 min, 2004
Musique : Louis Sclavis
Production : Rhino Jazz Festival
Co-direction : Mélodie Blanchot, Loïc Bontems, Romain Descours, Cécile Verchère
Mini DV film, Color and black-and-white, 28 min, 2004
Music : Louis Sclavis
Production : Rhino Jazz Festival
Relecture contemporaine de la psychogéographie situationniste, construite sur la notion de territorialité. Le film, intégralement composé d’images d’archives de la ville de Saint-Étienne, cherche à tisser un réseau de relations (formelles, symboliques, rythmiques,...) mettant à nu ce qui, en l’archive, excède la simple fonction informative et devient un outil mnémonique.
Contemporary reinterpretation of Situationist Psychology, constructed on the notion of territoriality.
The film, entirely composed of archive images of the city Saint-Étienne, weaves a network of relationships (formal, symbolic, rhythmic,…), exposing the aspect of archives that goes beyond the purely informative function and becomes a mnemonic device.
Film Mini DV, Couleur, 14 min, 2004
Acteurs : Anthony Liébault, Fabrice Lauterjung
Mini DV film, Color, 14 min, 2004
Actors : Anthony Liébault, Fabrice Lauterjung
C’est l’histoire d’un champ/contrechamp. Deux œuvres se font face : Épisode de la retraite de Russie de Nicolas Toussaint Charlet et Dernières paroles de l’empereur Marc Aurèle d’Eugène Delacroix. Entre, face au Delacroix, deux personnes, dont l’une en fait la description tandis que l’autre, non voyante, l’écoute. Dans cette parole est désigné l’enjeu du face à face à l’épreuve des peintures : la chute de deux empires (napoléonien et romain).
The tale of a shot/countershot. Two paintings face one another: Episode of the Retreat from Russia by Nicolas Toussaint Charlet and Last Words of the Emperor Marcus Aurelius by Eugène Delacroix. In between them are two people facing the Delacroix, one describing it while the other, who is blind, listens. The words convey the face-to-face interplay of the paintings: the fall of two empires (Napoleonic and Roman).
Film Mini DV, Noir & blanc et Couleur, 5 min, 2003
Mini DV film, black-and-white and Color, 5 min, 2003
Miroir Vacant est composé de plans mettant en scène le rapport à l’altérité à travers l’image spéculaire. Le film est une double projection (simultanée) sur deux écrans. Le dispositif provoque un dialogue entre les séquences ; d’abord autour d’analogies formelles basées sur une inversion optique donnant l’illusion d’une projection « en miroir », puis, cette illusion se brisant, des incohérences formelles entraînent le film vers des analogies narratives. Ainsi plutôt qu’une double projection, il s’agit de deux films projetés côte à côte, indissociables l’un de l’autre et s’interpénétrant. La fonction gémellaire du dispositif insiste sur l’indispensable complémentarité des deux écrans, et sur l’irrévocable isolement que suscitent les images.
Vacant Mirror is made up of shots depicting the relationship to otherness through the specular image. The film is a double projection (simultaneous) on two screens. The process provokes a dialogue between the sequences; first around formal analogies based on an optical inversion giving the illusion of a “mirrored” projection, then, this illusion shattering, formal inconsistencies lead the film towards narrative analogies. So rather than a double projection, these are two films screened side by side, inseparable from each other and interweaving. The twin function of the process emphasizes the indispensable complementarity of the two screens, and the irrevocable isolation that the images provoke.
Film Super-8 (numérisé) et Mini DV, Couleur, 4 min, 2003
Super-8 film digitized and Mini DV, Color, 4 min, 2003
Entrelacement de deux récits. Le premier est celui d’une fillette, de dos face à la mer, filmée en un unique plan ralenti au point qu’il semble être une seule image, fixe. Pourtant l’écume progresse et la fillette bouge, très lentement. Le second ressemble à un vieux film de vacances, une série de choses sans importance filmées sans avoir été préméditées : une station balnéaire, la mer, un bateau, des palmiers, un cerf-volant, une plage, des rochers, l’écume, la nuit, des arbres au vent, des collines, une femme de dos et sa chevelure blonde au vent, les vagues.
Two intertwining stories. The first involves a little girl, filmed from behind, facing the sea, in a single slow-motion shot, giving the impression of a still image. However, very slowly the sea-foam shifts and the girl moves. The second resembles an old holiday film, a series of insignificant unplanned things: a beach resort, the sea, a boat, palm trees, a kite, a beach, rocks, foam, night, windswept trees, hills, a woman seen from behind, her blond hair blowing in the wind, waves.
Le 11 octobre 1973, affecté dans une unité de sauvetage de l’armée israélienne, Amos Gitai, qui venait de fêter ses 23 ans, échappe à la mort, après que l’hélicoptère qui le transportait a été victime d’un tir de missile. De l’œuvre qui lui sera consécutive, ce drame fut l’acte fondateur : fondation sur laquelle un raisonnement à la fois éthique et artistique allait reposer.
La scène apparaît 27 ans plus tard dans le film Kippour (2000). Ce passage à l’écran sous-tend une filmographie commencée par de courts films tournés en Super-8 pendant les années 1970 et qualifiés « d’expérimentaux », continuée par des documentaires et prolongée par des fictions. Expérimentation cinématographique, tentative de saisissement du réel sans fard et (re)mise en scène de celui-ci : trois façons d’aborder le cinéma, trois manières de construire un rapport au monde. Mais en grand connaisseur de la pensée talmudique, Amos Gitai sait que les choses ne sont séparées que pour être reliées. Il sait aussi que le métier de cinéaste s’impose parfois à la croisée des chemins – ceux d’un père architecte formé au Bauhaus et d’une mère grande connaisseuse de littérature –, et à rebours d’études brillamment accomplies qui semblaient le prédestiner à suivre la voie paternelle. « Amos Gitai, architecte, bâtisseur de films », ainsi aime-t-il à se présenter, non sans malice.
Aussi ses films résistent-ils à de trop empressées classifications. Ses documentaires sont parcourus de séismes fictionnels autant que ses fictions lorgnent vers l’authenticité (du moins supposée) de la forme documentaire pour, chaque fois, engager des expériences formelles et narratives. Ce refus de cloisonner son approche cinématographique se retrouve dans l’immense projet consacré à Yitzhak Rabin engagé au début des années 1990. D’abord témoignage de l’audacieux processus de paix mené par le parti travailliste israélien, hanté par la figure tutélaire de Rabin – assassiné le 4 novembre 1995 –, ce projet est devenu l’un des pôles d’observation de la transformation d’Israël par les dérives autoritaires du Likoud. Plusieurs films le composent : la tétralogie de Donnons une chance à la paix (1994), réalisée du vivant de Rabin, alors Premier ministre d’Israël ; l’Arène du meurtre (1996), retour « à chaud » sur son assassinat et, vingt ans plus tard, le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin (2015), centre névralgique d’un corpus auquel il faut ajouter, en 2016, la pièce de théâtre Yitzhak Rabin, chronique d’un assassinat et l’exposition Yitzhak Rabin, Chronicle of an Assassination, Foretold, déclinée pour trois lieux: le MAXXI (Rome), BOZAR (Bruxelles) et la collection Lambert (Avignon). Et désormais, l’exposition de la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Pour ériger pareil ensemble, il aura été nécessaire de constituer une imposante masse de documents que l’artiste allait donner en 2018 à la BnF, prolongeant « une stratégie diasporique réfléchie de distribution planétaire de ses archives, et de celles de sa famille (1) », entamée en 2007 auprès de la Cinémathèque française et continuée avec la bibliothèque de l’université de Stanford, la bibliothèque nationale d’Israël et la Cinémathèque suisse. Reprise d’une ancienne tradition juive de la dissémination, la démarche assure à l’artiste la conservation de pans entiers de son œuvre. Au regard de la somme des documents réunis, l’actuelle exposition de la BnF ne pouvait être qu’un aperçu, ou plutôt, une porte entrebâillée sur une histoire dont il fallait rouvrir quelques dossiers trop rapidement fermés.
Le long de l’allée Julien Cain, l’exposition agence chronologiquement une série de documents (photogrammes, collages photographiques, carnets de notes, extraits sonores, etc.) consacrés au projet Rabin. S’il y a bien chronologie, le sens de circulation se fait de droite à gauche, en sens inverse de l’écriture latine mais dans le sens de l’écriture hébraïque. Bien que le hasard soit souvent convoqué par l’artiste comme force active du processus créatif, il convient, en la circonstance, de privilégier une autre hypothèse : circuler dans le sens d’une écriture mais en sens inverse d’une autre, c’est à la fois suivre le cours d’une histoire – celle d’Israël – qui aurait dû s’écrire autrement si Yitzhak Rabin n’avait pas été assassiné et, concomitamment, rembobiner le fil des événements pour remonter les faits dont l’histoire a procédé (2). […]
————
On October 11th, 1973 Amos Gitai, who had just turned 23, was assigned to an Israeli army rescue unit, and escaped death after the helicopter carrying him was hit by a missile.This drama was the founding act of the work that would follow: the foundation on which an ethical and artistic analysis would be built.
The scene appears 27 years later in the film Kippur (2000). This transition to the screen underpins a filmography that began with short films shot on Super-8 during the 1970s and described as“experimental”, followed by documentaries and then fiction. Cinematographic experiment, an attempt to grasp reality in its unvarnished form, and its (re)staging: three ways of approaching cinema, three ways of constructing a relationship with the world. But as a great connoisseur ofTalmudic thought, Gitai knows that things are only separated in order to be linked. He also knows that the profession of filmmaker sometimes imposes itself at a crossroads— those of a father who was an architect formed at the Bauhaus and a mother who was a great connoisseur of literature—and in contrast to the brilliantly accomplished studies that seemed to predestine him to follow in his father’s footsteps.
“Amos Gitai, architect, film-maker” is how he likes to introduce himself, not without a touch of mischief. His films also resist overly hasty classification. His documentaries are riddled with fictional earthquakes just as much as his fiction looks to the (at least supposed) authenticity of the documentary form to engage in formal and narrative experiments.This refusal to compartmentalise his cinematographic approach can be seen in the immense project devoted to Yitzhak Rabin, which was begun in the early 1990s. Initially a testimony to the audacious peace process led by the Israeli Labour Party, haunted by the tutelary figure of Rabin—assassinated on November 4th, 1995—this project became one of the focal points for observing the transformation of Israel by the authoritarian excesses of Likud. Several films comprise it: the tetralogy of Give Peace a Chance (1994), made during the lifetime of Rabin, then Prime Minister of Israel; The Arena of Murder (1996), a look at his assassination in the heat of the moment and, twenty years later, Rabin, the Last Day (2015), the nerve centre of a body of work to which were added, in 2016, the play Yitzhak Rabin: Chronicle of an Assassination and the exhibition Yitzhak Rabin: Chronicle of an Assassination Foretold, which was shown in three venues: MAXXI (Rome), BOZAR (Brussels) and the Collection Lambert (Avignon). And now, the exhibition at the Bibliothèque nationale de France (BnF).
To build up such a collection, it was necessary to assemble an impressive mass of documents, which the artist gave to the BnF in 2018, extending “a well thought-out diasporic strategy of worldwide distribution of his archives and those of his family”, (1) begun in 2007 with the Cinemathèque Française and continued with Stanford University Libraries, the National Library of Israel and the Cinémathèque Suisse. Following an old Jewish tradition of dissemination, this approach ensures the preservation of entire sections of the artist’s work. In view of the amount of documents gathered, the current exhibition at the BnF could only be a glimpse, or rather, a door ajar on a history of which it was necessary to reopen some files too quickly closed.
The length of the Julien Cain Gallery in the BnF, the exhibition arranges a series of documents chronologically (photograms, photographic collages, notebooks, sound clips, etc.) devoted to the Rabin project. Though there is indeed a chronology, the direction of circulation is from right to left, in the opposite direction to Latin script, but in the direction of Hebrew script. Although chance is
often invoked by the artist as an active force in the creative process, it is appropriate under the circumstances to favour another hypothesis: to circulate in the direction of one script but in the opposite direction to another, is both to follow the course of a story—that of Israel—which would have been written differently if Rabin had not been assassinated; and at the same time to rewind the thread of events in order to retrace the course of incidents of which history is composed. (2) […]
Translation: Chloé Baker
Le 11 octobre 1973, affecté dans une unité de sauvetage de l’armée israélienne, Amos Gitai, qui venait de fêter ses 23 ans, échappe à la mort, après que l’hélicoptère qui le transportait a été victime d’un tir de missile. De l’œuvre qui lui sera consécutive, ce drame fut l’acte fondateur : fondation sur laquelle un raisonnement à la fois éthique et artistique allait reposer.
La scène apparaît 27 ans plus tard dans le film Kippour (2000). Ce passage à l’écran sous-tend une filmographie commencée par de courts films tournés en Super-8 pendant les années 1970 et qualifiés « d’expérimentaux », continuée par des documentaires et prolongée par des fictions. Expérimentation cinématographique, tentative de saisissement du réel sans fard et (re)mise en scène de celui-ci : trois façons d’aborder le cinéma, trois manières de construire un rapport au monde. Mais en grand connaisseur de la pensée talmudique, Amos Gitai sait que les choses ne sont séparées que pour être reliées. Il sait aussi que le métier de cinéaste s’impose parfois à la croisée des chemins – ceux d’un père architecte formé au Bauhaus et d’une mère grande connaisseuse de littérature –, et à rebours d’études brillamment accomplies qui semblaient le prédestiner à suivre la voie paternelle. « Amos Gitai, architecte, bâtisseur de films », ainsi aime-t-il à se présenter, non sans malice.
Aussi ses films résistent-ils à de trop empressées classifications. Ses documentaires sont parcourus de séismes fictionnels autant que ses fictions lorgnent vers l’authenticité (du moins supposée) de la forme documentaire pour, chaque fois, engager des expériences formelles et narratives. Ce refus de cloisonner son approche cinématographique se retrouve dans l’immense projet consacré à Yitzhak Rabin engagé au début des années 1990. D’abord témoignage de l’audacieux processus de paix mené par le parti travailliste israélien, hanté par la figure tutélaire de Rabin – assassiné le 4 novembre 1995 –, ce projet est devenu l’un des pôles d’observation de la transformation d’Israël par les dérives autoritaires du Likoud. Plusieurs films le composent : la tétralogie de Donnons une chance à la paix (1994), réalisée du vivant de Rabin, alors Premier ministre d’Israël ; l’Arène du meurtre (1996), retour « à chaud » sur son assassinat et, vingt ans plus tard, le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin (2015), centre névralgique d’un corpus auquel il faut ajouter, en 2016, la pièce de théâtre Yitzhak Rabin, chronique d’un assassinat et l’exposition Yitzhak Rabin, Chronicle of an Assassination, Foretold, déclinée pour trois lieux: le MAXXI (Rome), BOZAR (Bruxelles) et la collection Lambert (Avignon). Et désormais, l’exposition de la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Pour ériger pareil ensemble, il aura été nécessaire de constituer une imposante masse de documents que l’artiste allait donner en 2018 à la BnF, prolongeant « une stratégie diasporique réfléchie de distribution planétaire de ses archives, et de celles de sa famille (1) », entamée en 2007 auprès de la Cinémathèque française et continuée avec la bibliothèque de l’université de Stanford, la bibliothèque nationale d’Israël et la Cinémathèque suisse. Reprise d’une ancienne tradition juive de la dissémination, la démarche assure à l’artiste la conservation de pans entiers de son œuvre. Au regard de la somme des documents réunis, l’actuelle exposition de la BnF ne pouvait être qu’un aperçu, ou plutôt, une porte entrebâillée sur une histoire dont il fallait rouvrir quelques dossiers trop rapidement fermés.
Le long de l’allée Julien Cain, l’exposition agence chronologiquement une série de documents (photogrammes, collages photographiques, carnets de notes, extraits sonores, etc.) consacrés au projet Rabin. S’il y a bien chronologie, le sens de circulation se fait de droite à gauche, en sens inverse de l’écriture latine mais dans le sens de l’écriture hébraïque. Bien que le hasard soit souvent convoqué par l’artiste comme force active du processus créatif, il convient, en la circonstance, de privilégier une autre hypothèse : circuler dans le sens d’une écriture mais en sens inverse d’une autre, c’est à la fois suivre le cours d’une histoire – celle d’Israël – qui aurait dû s’écrire autrement si Yitzhak Rabin n’avait pas été assassiné et, concomitamment, rembobiner le fil des événements pour remonter les faits dont l’histoire a procédé (2). […]
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On October 11th, 1973 Amos Gitai, who had just turned 23, was assigned to an Israeli army rescue unit, and escaped death after the helicopter carrying him was hit by a missile.This drama was the founding act of the work that would follow: the foundation on which an ethical and artistic analysis would be built.
The scene appears 27 years later in the film Kippur (2000). This transition to the screen underpins a filmography that began with short films shot on Super-8 during the 1970s and described as“experimental”, followed by documentaries and then fiction. Cinematographic experiment, an attempt to grasp reality in its unvarnished form, and its (re)staging: three ways of approaching cinema, three ways of constructing a relationship with the world. But as a great connoisseur ofTalmudic thought, Gitai knows that things are only separated in order to be linked. He also knows that the profession of filmmaker sometimes imposes itself at a crossroads— those of a father who was an architect formed at the Bauhaus and a mother who was a great connoisseur of literature—and in contrast to the brilliantly accomplished studies that seemed to predestine him to follow in his father’s footsteps.
“Amos Gitai, architect, film-maker” is how he likes to introduce himself, not without a touch of mischief. His films also resist overly hasty classification. His documentaries are riddled with fictional earthquakes just as much as his fiction looks to the (at least supposed) authenticity of the documentary form to engage in formal and narrative experiments.This refusal to compartmentalise his cinematographic approach can be seen in the immense project devoted to Yitzhak Rabin, which was begun in the early 1990s. Initially a testimony to the audacious peace process led by the Israeli Labour Party, haunted by the tutelary figure of Rabin—assassinated on November 4th, 1995—this project became one of the focal points for observing the transformation of Israel by the authoritarian excesses of Likud. Several films comprise it: the tetralogy of Give Peace a Chance (1994), made during the lifetime of Rabin, then Prime Minister of Israel; The Arena of Murder (1996), a look at his assassination in the heat of the moment and, twenty years later, Rabin, the Last Day (2015), the nerve centre of a body of work to which were added, in 2016, the play Yitzhak Rabin: Chronicle of an Assassination and the exhibition Yitzhak Rabin: Chronicle of an Assassination Foretold, which was shown in three venues: MAXXI (Rome), BOZAR (Brussels) and the Collection Lambert (Avignon). And now, the exhibition at the Bibliothèque nationale de France (BnF).
To build up such a collection, it was necessary to assemble an impressive mass of documents, which the artist gave to the BnF in 2018, extending “a well thought-out diasporic strategy of worldwide distribution of his archives and those of his family”, (1) begun in 2007 with the Cinemathèque Française and continued with Stanford University Libraries, the National Library of Israel and the Cinémathèque Suisse. Following an old Jewish tradition of dissemination, this approach ensures the preservation of entire sections of the artist’s work. In view of the amount of documents gathered, the current exhibition at the BnF could only be a glimpse, or rather, a door ajar on a history of which it was necessary to reopen some files too quickly closed.
The length of the Julien Cain Gallery in the BnF, the exhibition arranges a series of documents chronologically (photograms, photographic collages, notebooks, sound clips, etc.) devoted to the Rabin project. Though there is indeed a chronology, the direction of circulation is from right to left, in the opposite direction to Latin script, but in the direction of Hebrew script. Although chance is
often invoked by the artist as an active force in the creative process, it is appropriate under the circumstances to favour another hypothesis: to circulate in the direction of one script but in the opposite direction to another, is both to follow the course of a story—that of Israel—which would have been written differently if Rabin had not been assassinated; and at the same time to rewind the thread of events in order to retrace the course of incidents of which history is composed. (2) […]
Translation: Chloé Baker